vendredi 5 décembre 2008

A la mémoire de Farhat Hached


LE CRIME Les premières rumeurs selon lesquelles Farhat HACHED avait été victime d’une attaque ont atteint le bureau avant midi, le vendredi 5 décembre. Ces rumeurs furent confirmées par la Radio de Tunis, durant son émission de 13H30, qui annonça le fait brutal de l’assassinat, la mise en place du couvre-feu dans la Régence et l’imminente arrestation d’agitateurs communistes et destouriens. Cependant que l’après-midi avançait, des versions diverses du meurtre commencèrent à circuler. Le service téléphonique fut coupé. Des contingents spéciaux de gardes mobiles et gardes républicains apparurent dans les rues et aux points stratégiques. Malgré l’étouffante atmosphère de tension, la population resta calme. Les boutiques continuèrent leur négoce, comme d’ordinaire, et aucun trouble ne fut rapporté que ce soit à Tunis ou des districts extérieurs. Les comptes-rendus des journaux du matin suivant (6 décembre) firent une reconstitution prudente, n’abordant que les points les plus vagues. Comme il a été rapporté dans le télégramme 192, le traitement fait par la presse du contexte et les commentaires tendaient à présenter les nouvelles de façon favorable à la France, insistant sur les liens communistes de la victime, alléguées une fois par le passé, sur le fait que les assassins « manifestement intentèrent le crime pour recevoir le plus de publicité », etc. Mais à ce stade, la Résidence n’apparaissait pas détenir tous les faits. Cependant, l’histoire suivant, émergea progressivement : Tôt le vendredi matin, Hached avait quitté sa maison à Radès, une banlieue résidentielle à environ six miles au sud est de Tunis, dans sa Simca 8, non accompagné, en route pour son bureau en ville. A un certain point, sur la route, une Citroën noire le dépassa, et comme les voitures étaient presque parallèles, une mitraillette tira sur lui. Il fut apparemment blessé au poignet (bien qu’il ait encore quelques différences d’opinion sur ce point), et gara sa voiture sur un terrain agricole. Il put sortir et s’abriter derrière sa voiture des tirs provenant de la Citroën qui s’éloignait. Tenant sa main blessée (et, selon d’autres récits, son abdomen) Hached regagna la route et appela à l’aide la voiture d’après. Rien de plus n’est définitivement connu jusqu’à la découverte du corps criblés de balles sur la tête et la poitrine, quelques deux heures plus tard dans un fossé près du village de Nassen sur la route Tunis-Zaghouan. Cette localité a été d’abord décrite comme étant à 100 kilomètres de la scène de tir, mais elle est en fait à un tiers de cette distance. Il a été rapporté que la Simca de Hached fut découverte là où il l’a abandonné, criblées de 36 impacts de balles. Le premier compte-rendu qui nous arriva par l’entremise d’un émissaire du siège de l’UGTT, agité et, comme cela peut être compréhensible, dans un état de grand trouble, rapporta que la première attaque avait été vue par 3 Tunisiens : deux bergers et un laboureur. Ils ne sont pas encore apparus. Dimanche, « La Presse » annonça (et la Résidence confirma) qu’un témoin relativement « sérieux », un employé français de la société du Tramway, était entrain d’approcher de Radès, venant de Tunis, dans un petit camion, autour de 8h du matin. Notant que quelque chose n’allait pas entre la Simca et la Citroën, mais apparemment échouant à comprendre la véritable nature des évènements, il s’arrêta et offrit à Hached de monter. Hached était sur le point d’accepter et demanda au témoin de faire demi-tour et de le conduire à l’hôpital Sadiki, quand la troisième voiture s’arrêta. Il est rapporté par le témoin que Hached avait dit, « Ce sont mes amis (ou « des connaissances » - les récits diffèrent), ils m’y emmèneront plus rapidement ». Là-dessus, la troisième voiture disparut. Dans l’excitation du moment, le chauffeur du camion négligea de noter le numéro d’immatriculation.


Extrait de "L'assassinat de Farhat HACHED, du Consulat général américain (Tunis) au Département d'Etat (Washington)"

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